Combat Mission: Black Sea, développé par Battlefront, est un wargame tactique moderne qui propose une simulation détaillée d’un conflit hypothétique entre les forces de l’OTAN (principalement américaines) et les forces armées russes en Ukraine, dans un contexte géopolitique tendu situé en 2017. Ce jeu fait partie de la célèbre série Combat Mission, mais se démarque par son cadre contemporain et son niveau de réalisme poussé, tant sur le plan technique que tactique.
C’est un jeu exigeant, et redoutablement intelligent, qui s’adresse aux passionnés de tactique militaire moderne.
Black Sea se joue à l’échelle compagnie/platoon, où chaque escouade, véhicule, et position compte.
Le joueur prend le contrôle de forces mécanisées, infanterie, blindés, drones, appuis aériens et artillerie, dans des engagements allant de quelques unités à des bataillons entiers.
Chaque homme, chaque véhicule a ses propres caractéristiques, niveau d’expérience, moral, fatigue, et armement précis. L’interface permet de donner des ordres complexes : couverture, tir suppressif, embuscade, passage furtif, appui indirect, etc. Le jeu peut être joué en tour par tour (mode WeGo) ou en temps réel pausé, avec la même intensité tactique dans les deux cas.
Les lignes de vue, les angles de tir, la pénétration des blindages, la qualité des capteurs, la guerre électronique et les communications sont modélisées avec une finesse remarquable.
Par exemple, un missile antichar peut être stoppé par un système actif de défense (APS), un drone peut détecter une formation ennemie derrière une crête, ou une section peut refuser un ordre si elle est désorganisée ou en panique.
Tout cela fait de Black Sea une expérience de jeu viscérale et tendue, où chaque décision peut coûter des vies, enfin des pixels, et faire basculer un affrontement.
La richesse tactique vient aussi du niveau d’authenticité des combats : on ne joue pas une guerre arcade, mais un conflit plausible, où la coordination, la reconnaissance, l’économie des forces et la maîtrise du terrain sont essentielles, la présence de drones et d'appuis aériens renforce le sentiment de réalisme.
Les pertes sont permanentes, la visibilité fluctuante, et la menace omniprésente.
Un seul véhicule mal positionné peut être détruit en quelques secondes par une unité non détectée.
Le jeu pousse donc à l’analyse méthodique, la prudence offensive et la gestion fine de la chaîne de commandement, avec radios, interopérabilité et soutien intégré.
Le théâtre d’opérations prend place dans une Ukraine contemporaine, avec des cartes extrêmement réalistes modélisant villes, forêts, zones agricoles, routes, ponts et bâtiments destructibles.
Les missions varient entre assauts urbains, défenses statiques, frappes rapides, et reconnaissance blindée.
Les forces russes, équipées de matériels comme les T-90A, BMP-3 ou systèmes TOR, affrontent des unités américaines modernes (Abrams, Bradleys, drones Raven, systèmes Javelin), soutenues parfois par des éléments ukrainiens.
Chaque faction dispose de ses doctrines propres, bien modélisées dans les scripts de l’IA et l’armement disponible.
Combat Mission: Black Sea propose une campagne solo bien ficelée, ainsi qu’une série de scénarios indépendants jouables contre l’IA ou en multijoueur. Mais sa longévité est surtout portée par son éditeur de missions, qui permet de créer des batailles sur mesure, de moduler les conditions météo, les objectifs, les unités, les règles d’engagement, les positions de départ, les renforts dynamiques et les déclencheurs d’événements.
De nombreux scénarios amateurs (et semi-professionnels) sont disponibles sur les plateformes communautaires, certains inspirés de conflits réels, d’autres plus fictifs ou spéculatifs.
Le système de campagne dynamique permet également d’enchaîner plusieurs batailles avec un état des forces qui évolue d’une mission à l’autre, renforçant l’immersion et la dimension opérationnelle.
Les cartes peuvent être construites à la main ou générées avec des outils tiers, pour reproduire des zones réelles d’Ukraine, de Russie ou d’Europe de l’Est avec un niveau de détail impressionnant.
Il ne s’agit pas d’un STR classique : ici, l’analyse du terrain, la planification des manœuvres, la gestion des angles morts et la coordination interarmes sont les clés de la victoire.
L’interface peut sembler dense, mais elle répond à une logique de simulation réaliste, et les habitués de la série s’y retrouvent rapidement.
En multijoueur, le jeu prend tout son sens, avec des parties jouables en PBEM (Play by Email) ou en temps réel via TCP/IP.
Cependant, en mode PBEM, l’alternance des micro-phases (ordre, exécution, retour au tour suivant), peut rendre le rythme particulièrement lent, surtout sur les scénarios complexes ou avec de nombreuses unités, surtout si on joue prudemment.
Combat Mission: Black Sea s’adresse clairement à un public averti, habitué à penser en termes de lignes de tir, d’intervalles, de couverture mutuelle, et de rapport de force à l’échelle tactique.
Combat Mission: Black Sea est un incontournable pour les passionnés de tactique moderne, les amateurs de simulation militaire rigoureuse, ou les joueurs " professionnels " (certaines armées l’utilisent comme outil de formation). Si vous cherchez un jeu qui allie réalisme technique, finesse tactique, et immersion contemporaine, alors ce titre est une référence absolue. À condition d’accepter sa courbe d’apprentissage et son rythme posé, Black Sea vous plongera dans une guerre moderne, de préférence à jouer en solitaire.
Évaluation du niveau de complexité, si vous souhaitez savoir comment j'ai déterminé ces critères, je vous invite à parcourir la page dédiée au wargaming numérique.