Développé par WarfareSims et édité par Matrix/Slitherine, Command: Modern Operations (CMO) est bien plus qu’un simple wargame : c’est une véritable plateforme de simulation opérationnelle, conçue à l’origine pour les passionnés de stratégie militaire, mais suffisamment rigoureuse et détaillée pour être utilisée comme outil de formation par plusieurs armées professionnelles (dont l’US Navy, l’US Air Force, l’OTAN ou encore l’armée australienne). Le jeu couvre l’ensemble des conflits modernes et futurs, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux affrontements les plus récents ou hypothétiques, avec une échelle géographique allant de l’escarmouche locale à la guerre intercontinentale. Son interface austère masque une profondeur tactique et technique exceptionnelle, offrant une expérience qui relève plus de l’analyse de crise que du simple divertissement.
CMO se distingue par son approche réaliste, où le joueur n’incarne pas un général sur le champ de bataille mais plutôt un centre de commandement stratégique, avec toutes les responsabilités, incertitudes et contraintes qui en découlent. Il ne s’agit pas de diriger chaque unité, mais d’élaborer des plans de mission à plusieurs niveaux, de gérer la chaîne C4ISR (Command, Control, Communications, Computers, Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), de superviser la logistique, la coordination interarmes, et même les effets politiques de certaines frappes. Le jeu permet ainsi de comprendre la complexité d’un conflit moderne, où l'information, la détection et la maîtrise de l’électromagnétique sont souvent plus décisives que la supériorité numérique ou technologique brute.
Command: Modern Operations fonctionne en temps réel avec pause active, offrant un contrôle total sur le déroulement des opérations, du niveau tactique jusqu’au niveau stratégique. Vous pouvez commander un chasseur F-35 effectuant une reconnaissance discrète, tout en supervisant simultanément une escadre navale projetée dans l’océan Indien, une patrouille de satellites au-dessus de la mer de Chine, ou un système THAAD posté en Alaska. Chaque unité agit selon des ordres précis et automatisés, définis à l’avance par le joueur ou les doctrines générales attribuées. Le système d’ordre permet d’organiser des missions complexes : patrouille aérienne avec ravitaillement, trajectoires d’attaque furtives, zones d’exclusion, soutien logistique, barrage radar, etc.
Ce réalisme va de pair avec une modélisation poussée de la guerre informationnelle : le joueur n’a pas une vision omnisciente. Les radars peuvent être brouillés, les contacts incertains, les émissions radio interceptées, et certaines cibles ne sont qu'hypothétiques. La détection dépend du type de capteur (IR, radar, acoustique, passif ou actif), de la météo, du terrain, de la vitesse de la cible, de son profil RCS (Radar Cross Section), ou même de sa position par rapport au soleil. Le brouillard de guerre est omniprésent, rendant chaque décision capitale. L’interface, certes épurée, affiche de manière claire toutes ces informations techniques, avec des outils puissants de visualisation (portées, zones de détection, trajectoires, couches météo 3D, etc.) qui permettent de reproduire fidèlement un poste de commandement militaire.
Le véritable cœur de Command: Modern Operations, c’est sa base de données encyclopédique. Le jeu intègre plus de 75 000 entités militaires réelles, couvrant toutes les nations du monde, de 1946 à nos jours. Chaque avion, navire, char, missile, radar ou capteur est modélisé avec une précision chirurgicale. Par exemple, un chasseur Rafale disposera de ses radars Thales RBE2, de ses missiles MICA IR et EM, avec des données précises sur la portée, le guidage, la vitesse, la manœuvrabilité, la fiabilité ou encore les signatures détectables. Les sous-marins incluent leurs systèmes sonar, leur discrétion acoustique, leurs tubes, la vitesse en plongée, leur profondeur de crête, etc. Même les systèmes de communication, de guerre électronique et de contre-mesures sont intégrés dans le calcul des affrontements.
Les conditions environnementales ne sont pas en reste : CMO propose une modélisation dynamique de la météo et de l’océanographie. Le vent, la température, la nébulosité, la salinité, les courants marins, la bathymétrie (profondeur des fonds marins) affectent les capteurs et les performances des armes. L’altitude influe sur la portée radar ; les conditions de mer modifient la détection sonar. La technologie furtive, la guerre électronique et les systèmes actifs de défense (comme l’Aegis ou les pods de brouillage) sont pris en compte dans le calcul du résultat de chaque tir, qui repose sur un moteur balistique détaillé. Peu de jeux intègrent aussi finement la physique, l’ingénierie militaire et la stratégie globale, ce qui fait de CMO un produit unique, à la frontière entre jeu, simulateur et outil d’analyse doctrinale.
Le jeu propose une bibliothèque de scénarios très riche : près de 300 missions officielles et communautaires, allant de la simple interception d’un avion espion jusqu’à des campagnes multi-théâtres couvrant plusieurs semaines de conflit. Vous pouvez rejouer des opérations historiques comme la guerre des Malouines, les frappes de l’OTAN au Kosovo, Tempête du désert, les conflits indo-pakistanais, ou des scénarios contemporains et futuristes comme l’invasion de Taïwan, une guerre en mer Noire, ou un affrontement naval russo-japonais. Chaque scénario est modulable, et propose des objectifs ouverts, variables selon les choix du joueur ou les événements dynamiques intégrés.
L’éditeur de scénarios est sans doute le plus puissant jamais intégré à un jeu militaire.
Il permet de concevoir des missions aussi complexes que celles planifiées dans un état-major réel : intégration d’événements politiques, gestion des renforts dynamiques, plans d’attaque à plusieurs phases, conditions météorologiques personnalisées, scripts logiques, déclencheurs comportementaux, et gestion complète de la chaîne de commandement. Il est même possible de créer des campagnes dynamiques, avec des sauvegardes progressives, des interactions entre missions, des évolutions de l’arsenal et des pertes persistantes. Grâce à l’intégration de données géographiques réelles (cartes SIG, coordonnées GPS, données de relief), le joueur peut reproduire des zones opérationnelles existantes avec un réalisme saisissant.
Command: Modern Operations s’adresse clairement à un public très averti, passionné de stratégie contemporaine, de géopolitique, et d’ingénierie militaire. Il ne s’agit pas d’un jeu à progression linéaire : ici, la difficulté vient de la complexité systémique des opérations modernes, du manque d’information en temps réel, et des conséquences de chaque décision sur l’ensemble du théâtre d’opérations. CMO exige de la patience, de la méthode, et une compréhension fine des doctrines militaires modernes.
Mais pour ceux qui acceptent cette exigence, le jeu offre une expérience absolument unique, alliant profondeur, liberté d’action, réalisme et richesse encyclopédique. Que vous soyez militaire, analyste, amateur de guerre moderne, ou simplement curieux de comprendre comment se prend une décision dans une salle de crise, Command: Modern Operations vous ouvre les portes d’un univers rarement exploré dans le jeu vidéo. C’est l’outil ultime de simulation de guerre du XXIe siècle.
Évaluation du niveau de complexité, si vous souhaitez savoir comment j'ai déterminé ces critères, je vous invite à parcourir la page dédiée au wargaming numérique.