Decisive Campaigns: Ardennes Offensive plonge le joueur dans l’un des derniers grands affrontements de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental : l’offensive allemande surprise lancée dans les Ardennes en décembre 1944.
Développé par VR Designs (les créateurs de Shadow Empire et des précédents Decisive Campaigns), ce wargame tactico-opératif pousse l'immersion à un nouveau niveau grâce à un moteur entièrement repensé.
L'échelle se situe désormais au niveau du bataillon, chaque hexagone représentant 500 mètres, et les tours sont divisés en impulsions alternées, où les deux camps agissent successivement, unité par unité.
Résultat : une narration militaire en temps réel figé, tendue, immersive, où chaque ordre compte.
L’atmosphère du jeu est saisissante : forêts enneigées, routes verglacées, colonnes embouteillées, radio défectueuse, et des chaînes de commandement soumises à rude épreuve.
Le jeu simule avec brio les conditions extrêmes de ce théâtre d’opération : fatigue, logistique chaotique, ravitaillement intermittent, brouillard épais et ruptures de communication constantes.
Le moteur intègre une gestion fine de la cohésion des unités, du moral, de l’expérience, et du commandement opérationnel, ce qui donne lieu à des situations où la prise d’initiative peut être récompensée autant que sanctionnée. L’interface, dense mais lisible, regorge d’outils de planification et de rapports détaillés, offrant au joueur le sentiment de tenir entre ses mains une opération militaire réelle, et non un simple affrontement abstrait.
Le jeu propose une vaste gamme de contenus, avec une quinzaine de scénarios historiques de tailles et durées variées, allant de petites escarmouches locales à la campagne complète de l’offensive allemande.
Les scénarios courts sont particulièrement adaptés pour apprendre les mécaniques du jeu, expérimenter des doctrines ou jouer en multijoueur. Toutefois, ils révèlent une faiblesse d’équilibrage, en particulier dans les engagements limités où l’aviation alliée peut s’avérer démesurément décisive.
Dans ces contextes restreints, le simple lever du brouillard suffit à transformer une colonne allemande en cible immobile pour les bombardiers et chasseurs-bombardiers alliés, créant une frustration tactique pour le joueur de l’Axe qui ne dispose pas de leviers suffisants pour s’en prémunir.
À l’inverse, la campagne complète offre un équilibre bien plus nuancé.
L’effet de surprise allemand, la variabilité météo, et la profondeur du théâtre d’opération permettent aux deux camps de pleinement exploiter leurs atouts. L’Axe doit jouer sur la rapidité, l’effet de choc, le contrôle des routes, tandis que les Alliés doivent contenir, se réorganiser, et tirer parti de leur supériorité logistique et aérienne à moyen terme.
Le cœur du système repose sur le mécanisme d’impulsions alternées, qui remplace le classique tour par tour.
Chaque joueur active tour à tour ses unités, puis cède la main à son adversaire. Cela crée une tension permanente, où la prise de décision doit être réfléchie, mais aussi réactive, car la situation peut évoluer après chaque mouvement ennemi. Cela simule parfaitement le caractère non linéaire et chaotique de la guerre, où l’action d’un bataillon peut bouleverser le plan d’ensemble. Les options tactiques sont nombreuses : attaque directe, encerclement, barrage d’artillerie préparatoire, prise de ponts, infiltration, reconnaissance avancée. Chacune nécessite de peser les chances de succès, les risques d’usure, et les répercussions sur l’organisation globale du front.
Le système de commandement est tout aussi crucial. Il est possible (et recommandé) d’organiser les attaques via les QG intermédiaires, mais ces ordres prennent du temps à remonter ou descendre la hiérarchie, avec des délais qui varient selon la distance, la compétence des officiers et les conditions du champ de bataille.
La logistique n’est jamais à négliger : les unités peuvent manquer de carburant, d’obus ou même de nourriture, ce qui affecte leur moral et leur efficacité. En multijoueur, le système fonctionne bien mais le découpage en impulsions rend les parties en PBEM un peu longues, notamment dans les scénarios les plus vastes.
Decisive Campaigns: Ardennes Offensive s’adresse avant tout aux joueurs exigeants, passionnés d’histoire militaire et désireux de vivre une expérience de commandement aussi réaliste qu’immersive. Sa richesse de simulation, sa granularité tactique et la finesse de ses modélisations en font un titre pointu, mais abordable pour qui prend le temps d’en appréhender les systèmes.
Les habitués des jeux comme Command Ops, Gary Grigsby’s War in the East, ou TOAW IV y trouveront une alternative plus dynamique et plus lisible, sans perte de profondeur.
Les néophytes en wargame peuvent également s’y aventurer, à condition de commencer par un petit scénario et de prendre le temps d’explorer l’interface et les mécanismes.
Ce titre est graphiquement plus attrayant que DECISIVE CAMPAIGNS BARBAROSSA, avec une complexité ergonomique moindre, et sans la dimension des choix éthiques, le contexte politique n'est pas simulé.
Évaluation du niveau de complexité, si vous souhaitez savoir comment j'ai déterminé ces critères, je vous invite à parcourir la page dédiée au wargaming numérique.