Charles de Gaulle / Discours - 4 Mai 1943
Cette forme moderne du wargame hérite des jeux de guerre traditionnels sur table avec pions ou figurines.
Le wargame est né au croisement de l’art militaire et du jeu de stratégie.
Depuis les échecs médiévaux jusqu’au Kriegsspiel prussien, en passant par les jeux de figurines victoriennes, il a évolué d’un outil de formation tactique vers un média d’analyse stratégique et un loisir intellectuel.
Sa forme moderne naît au XIXe siècle avec le Kriegsspiel prussien (1824), conçu pour former les officiers à la tactique militaire sur cartes topographiques, avec pions et règles précises. Il se diffuse ensuite dans les armées européennes comme outil d'entraînement. Au XXe siècle, il est utilisé pour la planification militaire, puis adapté au grand public via des jeux sur carte, notamment avec Tactics (1954) d’Avalon Hill, qui marque la naissance du wargame de loisir.
Le wargame classique est donc à la fois un produit de la culture militaire, un outil de simulation et une base fondamentale pour le développement du wargaming numérique moderne.
En exploitant la puissance de calcul des ordinateurs modernes pour représenter des environnements complexes, des unités variées et des dynamiques réalistes, les wargames numériques peuvent modéliser des affrontements allant de l’escarmouche locale jusqu’au conflit mondial, en passant par toutes les échelles intermédiaires.
Ça à l'air sérieux comme ça, mais le tout est de s'amuser !
Ça reste un jeu, dont le niveau de complexité et les échelles varient suivant les titres, je vais m'essayer à définir les échelles de jeu dans le wargaming numérique :
Échelle tactique, petites unités,carte à zone réduite, temps simulé, de la minute à quelques heures.
Échelle opérationnelle ou opérative, compagnie, régiments, divisions, carte de région, temps simulé, du jour à la semaine.
Échelle Stratégique,du jeu à très grande échelle, des nations, des armées, on simule la stratégie militaire globale, la diplomatie, l'économie de guerre sur une carte de continent ou mondiale
Chaque jeu offre une échelle de simulation et un niveau de complexité qui lui sont propres.
Le niveau de complexité n'est pas nécessairement lié à l'échelle simulée. Il est possible d'avoir des wargames à échelle stratégique relativement simples d'accès, mais offrant un bon niveau de simulation, grâce à un moteur de jeu sophistiqué qui gère de nombreux paramètres en arrière-plan.
On trouve également des jeux à échelle tactique avec des règles simples mais offrant de véritables défis intellectuels. Les échecs, par exemple, sont un jeu de stratégie en tour par tour aux règles élémentaires, mais qui illustrent parfaitement ce phénomène.
Je vais tenter d'évaluer et de déterminer les différentes catégories de complexité qui participent des mécanismes du wargaming.
A mon sens, la complexité d’un wargame dépend de plusieurs facteurs : le volume d’informations à gérer, la profondeur des mécanismes, la richesse des interactions et le niveau de réalisme de la simulation.
La gestion de la météo, du moral, de la fatigue, de la qualité du commandement, de la gestion des munitions, des renforts, de la logistique, de la balistique, de la guerre électronique, la structure temporelle simulée, sont autant de facteurs qui proposent des mécaniques de jeu plus où moins complexes.
Les jeux simples offrent des mécaniques accessibles et assez abstraites.
Ils n'en sont pas moins intéressants, ils n'offrent pas la même expérience de jeu.
Le wargaming est jeu de l'esprit, il procure du plaisir de part la nécessaire implication et la réflexion qui s'impose au joueur. On peut se contenter de pousser les pions, mais on passe à coté de l'essentiel, le plaisir de créer un plan, de la prise de décision, de l'anticipation et de la priorisation.
Cette démarche repose sur la compréhension stratégique ou tactique que le joueur va avoir du terrain, des forces en présence et de la perception qu'il peut avoir de la partie.
Certains jeux aux mécaniques simples et abstraites peuvent avoir une complexité cognitive élevée.
J'évoque à nouveau les échecs, le go, ou en matière de stratégie informatique, la série Field of Glory II.
La lisibilité des informations,l'accessibilité des commandes peuvent rendre un jeu plus ou moins facile d'accès.
Il s'agit d'un facteur subjectif, fortement lié aux connaissances historiques et à la sensibilité de chaque joueur. Certains wargames offrent une véritable immersion dans l’histoire militaire, grâce à la qualité des ordres de bataille, la cohérence des doctrines, ou encore la précision des événements représentés. Ces éléments renforcent la perception de la complexité et de réalisme rendu, et peuvent même susciter un intérêt pour l’apprentissage de l’histoire.
Dans le cas de jeux ancrés dans un univers fictif, cette perception dépend tout autant de la culture, des préférences personnelles et de l’appétence de chaque joueur pour un type de récit ou de système de jeu.
Le réalisme perçu se fonde alors sur la cohérence interne de l’univers et la crédibilité des mécaniques proposées.
Voilà une évaluation selon mes critères de l'excellent Field of Glory II, ancient ou médiéval, un jeu aux règles simples, d'une ergonomie aisée, qui ne nécessite pas de connaissances préalables pour être à l'aise, c'est un jeu qu'on ne peut pas qualifier de réaliste, mais il offre un expérience de jeu très intéressante en multijoueur du fait du niveau d'expérience très élevé de la plupart de ses utilisateurs, je considère donc sa difficulté cognitive élevée en multijoueur et accessible face à l'IA.
Ce jeu est très compétitif et bénéficie d'un excellent suivi de la part de son éditeur qui propose régulièrement des tournois automatisés.
Je conclue ici cette présentation du wargaming numérique, l'essentiel est que le jeu pratiqué vous plaise, c'est une alchimie et au delà des mécanismes, ce sont les graphismes, les visuels, la période historique où l'univers onirique, qui vont renforcer votre intérêt pour un jeu plutôt qu'un autre.
